DÉSALPE
La montagne. Majestueuse et nostalgique. Elle contemple la détresse des tribus et des corporations des Alpes – hôtelières et hôteliers, monitrices, moniteurs, et l’ensemble des métiers intéressés à l’exploitation de ce qu’on a longtemps appelé « l’or blanc » – devant la fin de la neige, qui a entraîné avec elle la fin de leur commerce, et du socle même de leur existence. Toutes et tous avaient certes vu les signes précurseurs de ce phénomène au fil des ans, mais, confiant.e.s dans la puissance de leurs canons (à neige), et aveuglé.e.s par leurs longtemps juteux bénéfices, personne ne l’a, comme on dit, vu venir. Maintenant descendu.e.s dans la plaine (« en haut, c’est foutu »), toutes et tous disent tout haut ce paradis perdu, rappellent les services rendus aux touristes hollandais.e.s comme aux français.e.s, et nous demandent l’asile, reconnaissant à mi-voix s’en être mis plein les poches tout de même.
Trois comédiennes et quatre musiciens, corps des plaines et cors des Alpes (quel autre instrument aurait pu chanter cela ?), incarnent ce monde englouti – dans la fiction du théâtre tout au moins, et plutôt mal en point dans la réalité.
Emission Vertigo du 19 juillet 2019 / Antoine Jaccoud et "Désalpe"
article La Pépinière - Fabien Imhof
article La Pépinière - Magali Bossi